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    Redécouvrir la lecture et les stratégies de lecture efficace

    Quelle place occupe la lecture dans une société saturée d’immédiateté et de technologie où l’ennui surgit si vite ? Chez ALM-Formation, elle est toujours au cœur de notre catalogue et nous ne cessons de questionner les méthodes qui permettent de l’améliorer pour gagner en efficacité… et en plaisir !  

    Aux origines d’ALM-Formation

    Cette passion de la lecture fut l’inspiration première dans la création d’ALM-Formation. Lire pour se divertir, lire pour apprendre, lire pour partager, lire pour favoriser une ouverture culturelle, lire pour échanger, lire pour rêver, voilà ce que les fondateurs voulaient enseigner aux étudiant·es.  C’était il y a vingt-cinq ans, et ALM-Formation dispense toujours ces formations.  

    S’appuyant sur les travaux du chercheur français François Richaudeau, l’équipe a développé sa méthode et publié un livre de méthodologie – La lecture rapide de Gabriel Putto (une quatrième édition encore plus approfondie est en cours de réflexion). Les formateur·rices d’ALM-Formation ont dispensé de nombreuses heures d’enseignement de lecture, que l’on qualifie de “rapide” grâce aux progrès réalisés, et ont contribué au développement des compétences de milliers de doctorant·es. Ce qui est bien avec les méthodes empiriques, c’est que nous pouvons constater les progrès. 

    L’origine de cette démarche était également d’aider les étudiant·es à gérer leur volume de travail et de lecture. Le doctorat est toujours plus exigeant, et les méthodes d’apprentissages doivent s’adapter. Cette formation se donnait en parallèle avec une autre, basée sur le développement de la mémoire – un outil essentiel pour retenir ce que l’on vient de lire. À ALM-Formation, les formateurs et formatrices se réjouissent d’apporter un soulagement à ces jeunes chercheurs et chercheuses. 

    Une formation qui a évolué

    Aujourd’hui, les stagiaires font souvent part de leur faible intérêt pour la lecture. Elle représente une contrainte plus qu’un plaisir, un poids écrasant plutôt qu’un horizon, une motivation à réveiller au lieu d’un désir spontané, et un stress de plus à gérer. Globalement, les compétences de lecture ont faibli.  

    Les vidéos et les écrans remplacent les livres, reléguant la lecture à un ennui. Aujourd’hui plus que jamais, lors de nos formations, c’est cet enthousiasme que nous essayons de réveiller. Nous examinons avec les stagiaires comment ils peuvent choisir et organiser leurs lectures, et comment, avec une pratique régulière de stratégies et techniques variées appropriées à leurs objectifs de lecture, ils développent leur concentration et leur efficacité. C’est pourquoi nous avons abandonné l’intitulé “lecture rapide”, parfois controversé, et lui préférons désormais celui de “stratégies de lecture efficace”, plus fidèle à ce que nous proposons. 

    La lecture est un apprentissage, nous rappelle Steven Pinker, célèbre psycholinguiste. Enfants, nous apprenons à décoder des signes, à l’inverse du langage qui s’apprend naturellement en écoutant et en copiant. Tout apprentissage peut être approfondi et amélioré constamment : c’est cela que nous souhaitons transmettre.   

     

    Un concept ancien

    La lecture rapide existe depuis 1959, année pendant laquelle Evelyn Wood, enseignante américaine elle-même inspirée par un professeur d’université et sa rapidité de lecture révéla sa méthode. John F. Kennedy, lecteur réputé expert avec 1200 mots par minute, consacra par la suite l’utilisation des techniques de lecture rapide. Depuis, des experts sont régulièrement invités sur les plateaux de télévision et des articles scientifiques sont publiés, apportant les résultats d’expérience en la matière. 

    … étudié par des chercheurs et des chercheuses

    Keith Rayner, le respecté psychologue cognitif, conclut qu’il est impossible d’utiliser la vision périphérique pour lire de larges portions de texte en une seule fixation, l’acuité visuelle étant bien meilleure dans la fovéa (centre de la vision) et ce jusqu’à 1° du point de fixation. Il note cependant, que l’information glanée par la périfovéa n’est pas entièrement ignorée et contribue à l’efficacité de la lecture.

    Heather Sheridan explique que de récentes études démontrent que les lecteurs et lectrices compétents et compétentes ont un champ visuel efficace (ou empan perceptif) plus large que les autres. Leur champ de vision englobe plus que la moyenne des 14 à 15 lettres à la droite de la fixation (3 à 4 lettres à gauche), démontrant ainsi que ce sont plutôt les compétences en lecture qui influencent la taille du champ visuel efficace. 

    Quant à Kenji Yokoi, il a constaté que c’était la longueur des saccades qui différenciait la rapidité des lecteur·rices entre eux/elles et, que par ailleurs, avec de la pratique, le nombre de régressions pouvait diminuer.

    Tony Buzan, célèbre psychologue et créateur du mind-mapping a développé ses compétences et créé sa méthode de lecture rapide à la suite d’un test de lecture peu satisfaisant au collège et d’une conversation avec son enseignant qui lui affirmait qu’il ne pourrait pas progresser.

    Kevin O’Regan n’a pu déterminer ce qui cause la variabilité des temps de fixation, mais recommande de lire de façon active, c’est-à-dire de sélectionner les passages qui intéressent, plutôt que de lire passivement le livre du début à la fin.

    Benjamin Keep, chercheur en sciences cognitives spécialisé dans l’apprentissage et l’enseignement, encourage aussi le balayage pour déterminer l’utilité du texte ainsi que le recours à la prise de note.

    Saveria Colonna, professeure en sciences du langage à l’Université de Paris 8, déclare que « plus nous allons lire, plus nous allons accéder rapidement aux mots et à leur sens. »

    Enfin, n’oublions pas que les méthodes de lecture rapide sont vivement critiquées, par Elizabeth Shotter notamment, psychologue à l’université de Californie, qui estime « qu’il n’y a pas de solution miracle ».

    La force de la pratique 

    Les informations sur l’efficacité de lecture sont diverses, variées, et passionnantes. Nous savourons le privilège d’être au cœur de l’action pour étudier l’évolution et mettre en place une méthodologie variée au plus près des besoins des étudiant·es. Nous observons également les effets de la neurodiversité : certaines personnes expriment leur stupéfaction devant la découverte de la subvocalisation (la petite voix dans notre tête qui lit en même temps que nous). Pour celles-ci, les mots se transforment en images, et non en sons. D’autres encore n’éprouvent pas le besoin de faire des régressions et avancent dans le texte avec la régularité d’une horloge suisse. Tout cela est fascinant. 

    Notre formation ne fait pas de promesses irréalistes : elle propose une méthodologie applicable, sous la forme d’outils que chacun et chacune peut s’approprier à sa guise pour évoluer à son rythme.  

    Nous croyons donc fortement en la pratique. Le champ visuel efficace ne s’élargira sans doute pas chez la majorité des stagiaires, pas plus que la subvocalisation ni les régressions ne disparaitront. Mais nous pouvons les entrainer aux techniques de “balayage” et d’“écrémage”, à la mémorisation, à la concentration, à l’organisation des lectures et de l’environnement, à la prise de notes, à l’archivage, ainsi qu’aux techniques d’enrichissement du vocabulaire.  

    Un article scientifique ne se lit pas aussi facilement qu’un roman. Il existe différents niveaux et objectifs de lecture. Cependant, l’assiduité facilite l’acquisition des connaissances et donc améliore la globalité de l’expérience de lecture. Ensemble, nous pouvons travailler sur la motivation, le plaisir de lire et la stimulation du processus cognitif.  

    Nous pouvons affirmer une chose : nous connaissons bien les besoins des doctorant·es. Nous savons créer des espaces d’écoute, de respiration, de réflexion critique et de progression adaptée et mesurée. Et nous sommes convaincu·es que nous pouvons les aider à progresser.

    Envie de découvrir notre formation sur la lecture?

    Références

    Keith Rayner: So much to read, so little time: How do we read, and can speed reading help? Psychological Science in the Public Interest ,2016, Vol. 17(1) 4–34), https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/1529100615623267

    Heather Sheridan: Gazing Toward the Future: Advances in Eye Movement Theory and Applications, Psychology of Learning and Motivation, 2020, Science Direct.ps://www.sciencedirect.com/bookseries/psychology-of-learning-and-motivation/vol/73/suppl/C

    Kenji Okoi: Improvement of reading speed and eye mouvements, IPerception, 2011 https://journals.sagepub.com/doi/pdf/10.1068/ic263).

    Tony Buzan: https://youtu.be/-XtsntiL9oc?si=9IF99JZlvW70EjVz

    Kevin O’Regan: https://www.futura-sciences.com/sante/actualites/psychologie-enquete-dit-science-lecture-rapide-86815/.

    Saveria Colonna: https://www.futura-sciences.com/sante/actualites/psychologie-enquete-dit-science-lecture-rapide-86815/

    Elizabeth Shotter: https://www.psychologicalscience.org/news/releases/speed-reading-promises-are-too-good-to-be-true-scientists-find.html

    Image par congerdesign de Pixabay