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Florie Gounelle, en plus de sa collaboration dans le réseau ALM-Formation, est professeure de chant. Sa pédagogie est basée sur une approche fondée sur l’échange, l’écoute, la prise en compte minutieuse de la psychologie de l’apprenant et la santé de la voix.
Marine Pansu, formatrice du réseau ALM-Formation, s’est entretenue avec elle sur la question de la voix dans la gestion du stress et la prise de parole en public.
Apprendre à gérer sa voix avec Florie
Marine Pansu – Vous travaillez la voix au niveau du chant, de la gestion du stress et bien d’autres aspects. Qu’est-ce qui vous a amené à vous spécialiser dans la voix ?
Florie Gounelle – C’était un chemin tout tracé. Je me suis naturellement dirigée dans cette voie après le baccalauréat. Le monde de la science vocale produit sans cesse de nouvelles études et fait de nouvelles découvertes. Il est très stimulant de partir sur un chemin où il y a encore tant de choses à découvrir. Aider les autres à faire éclore leur voix, grâce à tous les outils qui existent, et à tous ceux qui restent à découvrir, me paraissait évident.
Marine Pansu - « Faire porter sa voix », « avoir voix au chapitre », « trouver sa voix/voie »… Que signifie « la voix » pour vous ?
Florie Gounelle – Les expressions que vous avez choisies illustrent parfaitement l’idée de la voix. Pour moi, la voix, est l’expression intérieure dévoilée pour l’extérieur. Elle est un messager vers l’autre : grâce aux mots que l’on utilise (le verbal), à la façon dont on l’utilise (le paraverbal) et par la façon dont « elle sort », parfois malgré nous.
Si nous sommes stressés, notre voix va porter le message de notre état intérieur. On dit d’ailleurs que notre voix « nous trahit ». En fait, il suffirait peut-être d’accepter ce qu’il se trame à l’intérieur de nous. Ainsi notre voix ne nous trahirait plus. Elle serait simplement un indicateur des éléments que nous devons travailler (le trac, le placement de la voix, etc.)
Marine Pansu - Comment intégrez-vous la voix dans votre approche pédagogique de formation chez ALM-Formation ?
Florie Gounelle –Pendant les formations de prise de parole en public, nous apprenons à poser la voix, à l’utiliser sans se fatiguer, à appliquer une meilleure diction sans utiliser les mauvais muscles (sinon, la voix se fatigue) et à construire un meilleur discours en général.
Pendant les formations de gestion du stress et de confiance en soi, nous apprenons à aimer notre voix telle qu’elle et, avant de lui offrir « plus d’options ». Par exemple, on apprend à apprécier notre voix de timide, avant de lui faire comprendre qu’on peut aussi avoir « une voix de lion ». Ce travail se fait par le biais d’ateliers.
Marine Pansu - Plus concrètement, pouvez-vous partager un exemple d’exercice pour trouver sa « voix de lion » ?
Florie Gounelle –L’exemple qui me vient à l’esprit est un exercice intéressant pour se détendre en même temps que l’on réveille sa voix. Il suffit d’:
1 – Inspirer par le nez.
2 – Expirer en faisant le son « hmmmmmm », avec la bouche fermée, comme si on disait « Hhhmmmm, intéressant ! », ou « Hhhhmmmm, j’ai compris ! », ou « Hmmmmm, le beau gâteau que je vais manger ! »
3 – Répéter sur plusieurs hauteurs, en restant dans la zone de la voix parlée (ne pas trop partir dans les aigus).
4 – Ralentir le rythme, pour avoir des inspirations plus lentes, plus profondes, et des « hhhmm » plus longs.
5 – Donner à chaque nouvelle expiration et à chaque nouveau « hmmm », plus de volume. Il est impératif de ne pas forcer sur la voix. Dans cet exercice, il faut penser que notre voix émane de nous plutôt que de penser à la projeter (nous risquons sinon de la « pousser » et de la fatiguer).
Attention de ne pas serrer la mâchoire pendant l’exercice !
Marine Pansu - Merci, cet exercice nous a bien réveillé. Et au quotidien, comment la gestion travaillée de la voix peut-elle aider à la prise de parole en public, à la gestion du stress et des conflits… ?
Florie Gounelle – Connaître sa voix, c’est aussi apprendre à déceler ce qu’il se trame à l’intérieur de nous. Dès lors que nous avons le trac de prendre la parole en public, que nous nous sentons stressés ou que nous sommes frustrés d’être au cœur d’un conflit, cela paraît dans la voix (voix qui tremble, qui se fait plus forte, difficulté à aligner ses propos…).
Le fait de reconnaître ses émotions et de les accueillir permet de les utiliser pour ponctuer notre discours. Par exemple, en racontant un fait qui nous met en colère, grâce à la gestion travaillée de sa voix, nous nous servons de cette colère pour appuyer nos propos.
Intégrer nos émotions dans notre discours nous permet d’avoir une intervention rythmée et de captiver plus facilement l’auditoire !
Marine Pansu - Et lors de vos formations, quels changements observez-vous chez les apprenants qui travaillent leur voix dans une approche de gestion du stress ou de prise de parole en public par exemple ?
Florie Gounelle – Mon changement préféré est visible très rapidement. Les stagiaires acceptent de prendre le temps.
Poser sa voix, ce n’est pas seulement « parler plus fort », c’est aussi apprendre à en gérer le rythme.
La plupart du temps, en début de formation, le débit de parole des stagiaires est très rapide. Les pauses et les silences sont rares. Cela est souvent dû au stress, ou à la peur de ne pas donner assez d’informations. Mais avec un propos précipité, il est difficile pour l’auditoire d’adhérer au discours.
En prenant le temps, en apprenant à gérer le rythme de leur voix, les stagiaires gagnent en crédibilité et en prestance, donc en réceptivité pour leur public et en confiance pour eux. Les postures naturelles deviennent plus solides, plus affirmées.
C’est un cercle vertueux de changement !
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